moi et mes divaguations

Rue Maunoury

 
Avenue Maunoury
Les oubliés de la vie -


je les vois depuis 14 ans , tous les jours,

lui il a mon âge, mais maintenant avec le temps passant il n'a plus vraiment d'âge .....
barbue, sale , il est là dehors,

elle, a peut être soixante ans, dur aussi de lui donner un âge,

14 ans que je les vois errer dans Chartres, dormir dehors été comme hiver,
l'été sous les sapins, des grands longs sapins verts pour abriter un peu de leurs intimités,

l'hiver sous le porche de l'hospice de nos vieux,
eux dorment au chaud, après le bouillon du soir, lavés, changés, bordés pour la plupart,

d'autres se sentent plus seuls, sans famille pour leur souhaiter bonsoir,

eux aussi , ces deux là font partis des vieux qu'on borde et qu'on tient au chaud encore en vie,

le matin, sous leurs duvets, nous on part travailler, certains de nous peu motivés,

ma consolation c'est que je serai dans un bureau au chaud, juste derrière moi un radiateur que eux n'ont pas.

certains disent qu'ils puent, certes, fait indéniable,

mais la rue ne possède pas à tous les coins des sanitares décents, des toilettes reluisants,

nous, nous sommes parfumés, maquillés, pour attaquer la journée,
eux, non.

alors ils font comme ils peuvent,

vont de temps en temps prendre une douche quelque part, frapper chez le médecin d'en face,

et toujours tuer le temps,
en se promenant,

ils n'admirent pas comme nous certains paysages,
ce sont des gens de passage de rues,
ils ne mendient même plus,

c'est pas la peine, les gens ne les voient même plus .........

et moi quand je les vois chaque matin, quand je les vois chaque jour, je leur adresse mon bonjour,

je les regarde bien en face pour qu'ils comprennent qu'ils existent et vivent toujours,

ils ne sont pas des fantômes,
ils sont comme nous encore vivants ...........

le pire dans le genre humain c'est quand nous prenons ce délicat sentiment,
l'ignorance, le - plus rien - ........

mais moi quand je les vois je repense à quelqu'un quelque part qui a pris le même destin que ces deux là ....

la rue, l'ignorance, les regards bas des badauds se chargeant dans leurs bras de cadeaux,

et quelque part quand les remords me rongent et se font mélange dans ma tête,

eh bien quelquefois j'ai honte de moi ,
car comme tous ces gens,
car comme tous ces badauds
qui pensent que les SDF sont de purs fardeaux
je ne lèves plus le nez bien haut ........


18/08/2009
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