moi et mes divaguations

Le pavillon des enfants tristes

C’est le matin, maman,

Un nouveau jour se lève et je me sens si seule, maman,

Toute seule dans cette chambre aseptisée, je prends dans mes bras cette poupée qu’on a aussi lavée,



Pour me protéger …



Je ne veux pas manger,

Manger c’est être avec toi le matin quand tu fais griller mes petits pains préférés,

Manger, maman, c’est être avec toi, quand je t’entends crier de te brûler les mains en voulant du grille-pain les retirer,

Manger, maman, c’est être avec toi, quand le midi, tu viens me chercher à l’école du village,



Mon village, qui est si loin de cette chambre.



Je suis dans le pavillon des enfants tristes,

Au long couloir de cette farce sinistre.



Des enfants devenus adultes par la force des évènements.



Je regarde par cette épaisse fenêtre conçue exprès pour ne pas m’échapper de cette forteresse,

Au mur, des photos de toi, et de papa,

Des photos de vacances, des rires à courtes échéances, avant que sur nous ne tombe la malchance.



Avant que cette boule dans mon ventre ne fasse trace blanche ,

Sur ces radiographies, ces échographies, d’autres clichés mais plus ceux de vacances,

Ce sont les photos, maman, de ma future déchéance.



Je ne veux pas de devoirs ici, je ne veux pas de cours de mathématiques ou de français,

Car tu sais maman, je suis déjà dans la plus grande école, …

Celle de la vie.

Ma vie ….

Je ne veux pas rire face à ces joyeuses infirmières se déguisant en clowns musiciens,

La seule chose que je veux, maman, c’est de prendre ta main.

Mais on me l’a refusé.



Pour me protéger ….



J’ai 10 ans, je vais mourir, je le sais ….



Je le sais, je le sens, arrêtez de trahir l’innocence de mon enfance,

Toutes mes mèches brunes sont déjà parties dans mon linceul

Dans le dernier lit où j’irai faire dodo , maman,



Ne soyez pas tristes pour moi mes tendres parents



Je ne suis plus une enfant à présent

Je suis grande, adulte et vieillarde dorénavant.



C’était le matin, maman,

Dans ma robe blanche tu m’as laissé partir

Loin de la souffrance

Et de ma libération de ne plus avoir peur de mourir.


15/08/2009
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